En 2025, les abeilles profitent de l’abondante floraison des tilleuls

Grâce à une floraison abondante, l’absence de canicule et des miellées de printemps bénéfiques pour les abeilles, le tilleul donne son meilleur potentiel en ce mois de juin 2025, promesse d’un miel de grande qualité. Témoignages d’apiculteurs engagés dans la démarche Miel de tilleul de Picardie.

Depuis la mi-juin, la succession de fortes températures a suscité quelques craintes chez les apiculteurs. Les tilleuls à petites feuilles apprécient une certaine douceur, alors que des épisodes de canicule font faner leurs fleurs rapidement. Après quelques semaines de floraison et les retours de terrain de nombreux producteurs, la miellée 2025 s’annonce sous des auspices très favorables .

Une abeille butine, la tête masquée par les pétales des fleurs de tilleul.

« Avec cette chaleur, l’apiculteur coule autant que le nectar des fleurs de tilleul », plaisante Jérôme Dieusaert, installé avec sa compagne dans les Flandres, qui transhume dans l’Aisne et l’Oise, toujours équipé d’une glacière remplie de sodas.

« Les abeilles étaient en forme après de belles miellées au printemps et sur l’acacia. Les colonies trouvent de belles ressources aujourd’hui sur le tilleul », note Gwen Le Fichous, installé dans l’Oise.

« La saison du tilleul s’annonce exceptionnelle cette année ! »

Même analyse pour Nathalie Dussenne : « Les colonies étaient déjà très belles à leur arrivée sur site, bien boostées par une belle miellée de printemps. La floraison du tilleul est magnifique et les fortes chaleurs de ces derniers jours n’ont heureusement pas abîmé les fleurs ». L’apicultrice du Nord dispose de ruches dans l’Aisne. Elle vient de poser une quatrième hausse sur ses ruches. « Les abeilles sont en forme, les fleurs au rendez-vous. (…) Tous les signes annoncent une très belle récolte à venir. La saison du tilleul s’annonce exceptionnelle cette année ! », prédit Nathalie Dussenne, « Natha miel » sur les réseaux sociaux.

Nathalie Dussenne, dite Natha Miel, à l’heure de la pause.

Malgré les températures élevées enregistrées depuis la mi-juin, « il reste encore des boutons pas encore ouverts sur les tilleuls », observe Claire Hibon, installée en bio à Lannoy-Cuillère (Oise) avec Guillaume Lecat. « On est allé remettre des hausses sur les ruches », précise-t-elle, signe que la miellée se prolonge.

« Les arbres étaient très chargés en boutons et l’ouverture des fleurs s’étale tranquillement malgré des températures élevées », constate Hélène Fiers, qui gère une partie de son cheptel dans l’Aisne. « La météo, parfois venteuse, perturbe certains jours le travail des abeilles », nuance-t-elle.

La floraison des tilleuls n’a pas pâti des températures élevées.

Sauf événement météo, la miellée pourrait durer encore « une dizaine de jours », estime Bruno Mantel, apiculteur à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais). Ce dernier transhume dans les massifs forestiers de l’Oise pour la miellée de tilleul, et a dû s’approvisionner en hausses en dernière minute pour suivre l’abondance de nectar récolté par ses butineuses. « Je n’ai jamais autant produit de miel », glisse-t-il.

Doté d’une solide mémoire, l’apiculteur se souvient que les années se suivent sans se ressembler tout à fait. « Je me souviens qu’une journée de 2017 sous 37°C, on voyait les fleurs s’ouvrir le matin et griller avant le soir. En 2018, on était plusieurs jours au-dessus de 30°C avec du soleil et du vent de nord/nord-est ; on pensait la miellée rapidement terminée, puis elle a encore duré quinze jours. Avec 50 à 60kg de miel à la ruche, c’était une bonne année », souligne Bruno Mantel.

« C’est l’effervescence sur les ruchers »

« Tant que le miel n’est pas récolté et mis en fûts, ce n’est pas joué », nuance Philippe Béquet, qui confesse volontiers sa nature pessimiste. Mais il ne faut pas le pousser beaucoup pour que l’apiculteur de la Somme envisage « une bonne année ». « Il reste encore beaucoup de boutons floraux sur les arbres, on pose des hausses régulièrement… C’est de bon augure », résume le président de l’association Miels des Hauts-de-France, qui porte la candidature en Indication géographique protégée (IGP) du Miel de tilleul de Picardie.

« C’est l’effervescence sur les ruchers, avec une odeur fraîche et boisée dans l’air. Quel plaisir ! Il fallait une année comme ça pour redonner de l’entrain aux producteurs et de l’engouement autour de ce produit », ajoute Philippe Béquet, qui goûte avec bonheur à « l’intérêt croissant des consommateurs pour le miel français et l’intérêt des négoces pour répondre à cette demande de miel français sous signe de qualité ». Et l’apiculteur de se féliciter que « les trois négoces majeurs français adhèrent à la démarche ou frappent à la porte ». Apiculteurs producteurs, négoces, conditionneurs ou distributeurs… A tous, la porte reste ouverte.